Peinture de paysages, la production et les expositions de Claude Marchalot, au fil du temps, sur Brest et Recouvrance, sur les sentiers côtiers du finistère nord: Plouguerneau, Lampaul Plouarzel, Le Conquet, Plougonvelin... puils la rade de Brest, le Portugal, l'Islande
Le thème de ce cycle d'expositions qui démarre est le territoire... notre espace à vivre.
Pour un aquarelliste dont la prédilection pour les peintures de paysages est grande, c'est un plaisir de répondre à cette invitation. Le paysage est l'image mentale que nous avons du territoire. A Brest, la géographie ( et aussi l'histoire) imprime une forte identité à ce territoire. Le site est exceptionnel : une rade sublime, protégée des furies de la Mer d'Iroise et du large par un étroit goulet, une Penfeld enchâssée dans un court aber et des estuaires qui se succèdent jusqu'au dernier, tout au fond, celui de l'Aulne.
Des peintres de grand talent se sont attachés depuis plusieurs siècles à représenter Brest et sa rade. Quand on n'a pas leur talent, il faut un peu d'inconscience pour oser, après eux, présenter ses œuvres. Ou alors simplement considérer la peinture comme un art qui vaut par le plaisir que l'on trouve à peindre, à partager et échanger. N'est-ce pas le but essentiel de l'art ? Brest est devenu ma ville. J'ai eu plaisir à l'explorer et ai fait quelques expositions sur la cité, sa rade et ses abords. Travail sans prétention sinon celle de rendre l'harmonie et la poésie qui, finalement, se dégage d'un bâti un peu hétéroclite, marqué par la reconstruction et animé par le vol des goélands et les mouvements du port.
Pourquoi cette parenthèse islandaise dans l'exposition ? Il y a un siècle, nos pêcheurs bretons durent étendre leur territoire de pêche jusqu'aux dangereuses eaux islandaises. L'Etoile et la Belle Poule sont les répliques des goélettes sur lesquelles ils naviguaient. Et c'est pendant ses années brestoises que Pierre Loti commença l'écriture de « Pêcheurs d'Islande ». Cette vision romanesque de « l' épopée islandaise » fut ensuite décrite de façon plus réaliste à partir des rapports de la marine nationale, qui encadrait les flottilles de pêche, par François Chappé. L'Islande est née de la tectonique des plaques. Les chercheurs brestois du Cnexo (devenu Ifremer dans les années 80) sont allés les premiers ( avec leurs collègues américains) en explorer les manifestations au fond de l'Atlantique dans les années 70 (expédition Famous). Un voyage en Islande fut auparavant organisé pour familiariser pilotes et chercheurs aux paysages sous marins qu'ils devaient rencontrer par 3000 m de fond. Il y a ainsi des liens qui se tissent entre des territoires. Il y en a de plus universels. La triste célébration de la disparition du glacier islandais Okjökull, cet été 2019, l'a dramatiquement illustré : les territoires, où qu'ils soient, ne se partagent qu'une seule planète qu'il nous faut, aujourd'hui, apprendre à protéger.